AKIRA, c’est beau, c’est culte, et c’est récompensé !

ENFIN !

Comme le souligne cet article du Monde, je suis heureux que ces 42 ans d’injustice soient ENFIN réparées. Le Festival international de la bande dessinée d’Angoulême a en effet attribué cette année son Grand Prix à son premier auteur Japonais : Katsuhiro Otomo pour l’ensemble de son œuvre.

Outre la corrélation légitime au succès commercial des mangas (1 500 mangas japonais traduits chaque année en français, soit 37 % de l’ensemble des sorties annuelles de BD!), cette récompense c’est surtout la reconnaissance de l’immense talent de Katsuhiro Otomo, à commencer par son Oeuvre Magistrale : AKIRA.

AKIRA, c’est le symbole de mes années lycée, la découverte avec mes potes Fabien et Romain d’un manga violent et sombre, une énorme claque bien loin des productions grand public à l’imagerie niaise longtemps propagées par le sans vergogne Club Dorothée…

AKIRA, c’est une énorme saga : plus de 2000 pages publiées pendant 7 ans au Japon. C’est complexe et c’est beau. C’est à la fois de l’anticipation, de la science fiction, du futur qui n’en est bientôt plus un (Neo-Tokyo c’est 2019…), du post-apocalyptique, de la drogue, des pouvoirs psychiques, des héros qui ne comprennent rien et qui subissent le destin, de la fatalité et de la tristesse.

AKIRA, c’est aussi une métaphore : l’enfant, celle de la bombe atomique d’Hiroshima ; Neo-Tokyo, celle du Japon en reconstruction au lendemain de la Seconde Guerre mondiale.L’oeuvre entière est une véritable psychanalyse du traumatisme de la société japonaise devant cette démonstration de puissance américaine et l’occupation du pays au lendemain de sa défaite.

AKIRA, c’est beau, c’est culte, ca forge une adolescence…

Je n’ai rien à cacher ! (en fait si…)

Voulez-vous bien indiquer votre login et mot de passe Facebook en commentaire svp ? Je suis très sérieux. Promis, je ne ferai rien de mal, seulement lire.

Je suis très sérieux… et pourtant j’ai peu d’espoir que quiconque accède à ma demande de son plein gré… et cela me semble une réaction acceptable, saine, logique. Car même si vous êtes mon ami ou mon frère, vous n’avez pas à me livrer ces informations quand bien même vous auriez en moi une confiance absolue. Nous avons tous une vie privée, une intimité salutaire faite de pensées, de croyances, de convictions, d’idées et de projets qui nous rendent uniques. La vie privée est un besoin fondamental de l’être humain.

Je pourrais écrire des pages et des pages à propos de la vie privée numérique, et les différents moyens de la préserver… et je le ferai certainement ici-même tant les sujets sont tout aussi nombreux que préoccupants : La neutralité du net, la censure du net, la vie privée et les données personnelles, etc.

Pour l’instant je souhaitais simplement vous sensibiliser au postulat fondamental : la nécessité du droit à la vie privée. Qu’il est aisé de le minimiser, de l’ignorer, de le balayer, ce droit fondamental. Mea Culpa, moi le premier j’ai longtemps servi la fameuse réplique « Je m’en fous d’être surveillé, je n’ai rien à cacher, ma vie n’est pas intéressante« … et puis j’ai changé d’avis…
C’est Glenn Greenwald, le journaliste qui a révélé l’affaire Snowden, qui m’a ouvert les yeux lors de sa récente conférence TED « Why privacy matters » (que je vous invite chaudement à regarder). J’ai réalisé que répondre cela est un terrible auto-dénigrement qui revient à dire « J’ai accepté de devenir un être si insignifiant et si inoffensif que je ne crains pas que les gouvernements sachent tout de ce que je fais« . Or, c’est bien évidemment faux ; car tout dans notre quotidien prouve que nous mettons tout en place pour protéger notre vie privée, à commencer par ne pas donner notre login et mot de passe !

Les études psychologiques montrent que lorsque quelqu’un sait qu’il est surveillé, ses comportements deviennent alors beaucoup plus conformistes et dociles. La honte humaine est un puissant facteur de motivation. La surveillance de masse crée alors un carcan psychologique beaucoup plus subtil mais aussi beaucoup plus efficace que la force brute, via l’incitation aux normes sociales et aux standards orthodoxes. Et à ceux qui estiment que nous sommes encore loin du 1984 d’Orwell, sachez que ce dernier a souligné que le danger ne vient pas d’un état de surveillance permanent, mais d’un état où les gens sont conscients qu’ils peuvent être surveillés n’importe quand. Une société dans laquelle chacun peut être surveillé à tout moment est une société qui cultive le conformisme, la docilité et la soumission.

Je n’ai fondamentalement rien contre Facebook ni Google. Nous y mettons ce que nous souhaitons, sans contrainte. Nous choisissons de partager des moments de notre vie volontairement parce que nous sommes des êtres sociaux, et que nous avons besoin de nous confronter nos pensées et nos actes aux autres. Mais nous avons aussi besoin d’un espace personnel de liberté exempt du jugement des autres. La vie privée est un droit fondamental. Or, cet espace personnel, on nous le supprime jour après jour à coup de lois, et là ce n’est plus volontaire du tout ! Nous devons donc rester vigilants sur toutes ces lois qui sont en train de passer en douce et largement minimisées par ceux qui les proposent :

Chacun fait ce qu’il veut de sa vie publique, personne ne peut juger, en revanche, méfions nous de ce que d’autres pourrait juger de notre vie privée dès lors qu’ils y ont accès.

Comme l’écrivait Rosa Luxemburg : « Ceux qui ne bougent pas ne sentent pas leurs chaînes. »


Sources et inspirations :